La littérature est mouvement et bruit. La photographie est l’immobile et le silence. On crie : « Moteur » ou « Ne bougeons plus » ou encore « Silence, on tourne. » Moi je fais tout, j’ai tout pris ; le silence, la foule, les cris, la course, les mouvements, mes monuments, moi, elle et moi, nous bougeons ou nous posons, je l’aime et elle m’en parle, on se met dessus ou on s’en va, il y a mon ombre en bas à gauche ou bien je traverse la scène, je peux même me photographier en train d’écrire, ou écrire sur les photos, écrire ce que je pense dans les marges de la photo (et intituler ces photos-là : « Comment j’ai écrit tous mes livres »).

Denis Roche, artpress / Imec, 2014.

J’ai développé par ailleurs quelques idées concernant la notion de surface, d’écran, donc de volume et de « cumul », j’avais même écrit, à propos de ce que j’imaginais avoir partie liée entre la photo et l’écriture, que, dans ces deux cas, il s’agissait de « faire au réel sa peau » : surfaces imprimantes de la machine à écrire et de l’appareil photo, enroulements de bobines dans l’un comme dans l’autre, visées et marges, cadrages et carbones, etc.

Denis Roche, La disparition des lucioles, réflexions sur l'acte photographique, coll. « Fiction et Cie », Seuil, 1982
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